2/02/2020

Écolo? Les 4RVE

Et puis, vos résolutions?

Je pose la question, car, il y a un peu plus d'un mois, je suis pas mal sûr que, juste après Infoman et le Bye Bye, beaucoup de gens ont affirmé, avec plus ou moins de conviction, quelque chose comme : "Bon, ça y est! Cette année, je veux être plus écolo!"

Peut-être même que des gens ont offert des cadeaux plus écoresponsables (un terme que je juge personnellement beaucoup trop galvaudé, mais ça, c'est une autre histoire).

Alors, vous vouliez être plus écolo. Parfait, bravo. Mais comme on sait, des fois, quand il est question de résolutions de début d'année, eh bien, avouons-le, ça arrive que ça chie un peu 4-5 semaines après.

Et au fond, qu'est-ce que ça veut dire, être écolo? Il y a tellement d'interprétations possibles, tellement d'actions possibles. Je pense qu'il est important de rappeler la bonne base. Je vais proposer ici des idées que je juge vraiment intéressantes, plutôt simples et qui sont directement en lien avec les 4RVE.

Les quoi?

Les 4RVE, c'est pour : refuser, réduire, réutiliser, recycler, valoriser, éliminer.

(Attention : ce qui suit va peut-être sembler pour certaines gens assez radical, mais je pense qu'il est nécessaire de l'aborder. J'ai fait vraiment mon possible, dans ce billet, pour ne pas avoir l'air de vouloir faire la morale à personne. Vous avez tout à fait le droit de ne pas être d'accord et j'invite même les gens à faire des critiques de ce qui va suivre (des critiques constructives, pas d'insultes gratuites, là!).

On sait bien ce qui est arrivé quand Dominic Champagne a lancé son Pacte pour la transition (que vous avez peut-être signé), à l'automne 2018... et j'aimerais que ça ne se reproduise pas avec ce texte. D'ailleurs, le Pacte a fonctionné, mais pas tant que ça, considérant que son objectif était d'un million de signataires. À lire : une analyse assez juste du phénomène réalisée par l'agence Bang Marketing et publiée en décembre 2018.

Ici, je m'en tiens beaucoup à des constats, alors ça ne devrait pas susciter tant de réactions négatives, mais on sait jamais, tsé... Fin de la parenthèse)


Bon, maintenant, revenons aux 4RVE. L'ordre est important. Et allons-y, justement, dans l'ordre.

  • Refuser
"En as-tu vraiment besoin?", titrait le charmant comptable et auteur à succès Pierre-Yves McSween. Faut se poser la question, idéalement tout le temps.

On enveloppe d'une petite pellicule plastique votre savon à l'épicerie, au cas où la bouteille coule (oui, fait vécu dans mon cas. Je suis sûrement pas le seul)? Refusez. Non, pas besoin de ça. Oui, mais le savon pourrait couler? Pourrait, en effet. Mais pensons-y un instant : c'est quoi, objectivement, concrètement, voire scientifiquement, les probabilités que ça arrive. Elles sont presque nulles.

On vous encourage à acheter 2 produits à l'épicerie pour un meilleur prix? D'ailleurs, bien souvent, un seul produit est 2 fois moins cher que ce qui est annoncé (donc aucune différence), alors c'est juste une tactique marketing quasi mensongère. Et en avez-vous vraiment besoin de 2?

Pendant un spectacle, on vous offre un verre en plastique pour y verser votre bière? Vous pouvez toujours demander de la boire à la bouteille. Là-dessus, je dois faire un certain mea culpa et j'aimerais développer davantage ce réflexe.

Par contre, un agenda papier, moi, je dis "oui", j'en ai besoin d'un pour organiser mes semaines. Je l'ai acheté à Limoilou et il est fait à Québec. Je l'aime beaucoup. Il me permet d'avoir une vue d'ensemble sur ce qui s'en vient dans ma semaine, sans avoir tout le temps un écran de téléphone dans la face.

Mais peut-être qu'un sac promo ou une bouteille d'eau pendant un événement quand on en a déjà chez soi, on peut s'en passer. D'ailleurs, les objets promo constituent une énorme source de déchets.

  • Réduire
Au Québec, on produit des tonnes et des tonnes de déchets par année. Même pas la peine de regarder les chiffres, c'est clair que c'est beaucoup trop.

J'en ai trié pendant quelques semaines, dans une autre vie disons, et laissez-moi vous dire que ce n'est pas beau à voir. Une visite dans un dépotoir ou un site d'enfouissement s'impose à quiconque affirme qu'on génère relativement peu de déchets au Québec. C'est complètement faux. Aliments, vêtements, objets de décoration, meubles, emballages variés, appareils de toutes sortes qui ne sont plus fonctionnels (mais qui vont normalement à l'éco-centre, tsé), etc.

Comment réduire? Même question : en as-tu vraiment besoin? Si oui, ben correct, mais il faut assumer ses choix de consommation.

Dans son balado 3,7 planètes, l'humoriste François Bellefeuille veut en faire plus pour l'environnement. Dans les médias, pour parler du balado, il a quand même beaucoup été question du bidet qu'il s'est procuré, question de réduire son utilisation de papier de toilette. C'est vrai que c'est un passage assez comique, car on entend l'humoriste essayer son bidet pour la première fois et constater que ça pince les fesses en titi.

Mais il y a un autre épisode (le huitième) bien intéressant, dans ce balado, et ça parle du spray net. Bellefeuille veut absolument en avoir parce qu'il en met dans ses cheveux avant ses shows pour pas en avoir dans la face. Dans l'épisode, il est aux Îles-de-la-Madeleine et il n'arrive pas à en trouver. Alors il fait quoi? Il n'en utilise pas. Et puis quoi? Bien honnêtement, il se rend compte que c'est finalement pas tant la fin du monde... tiens, tiens.

Réduire. Réduire ses déchets, réduire sa consommation (moins d'objets ou de produits consommés, c'est moins de ressources utilisées), réduire son empreinte environnementale (compenser ses voyages si on en fait beaucoup)...

  • Réutiliser
On pourrait aussi inclure le terme réparer à ce volet. Pour celui-ci, une autre question à se poser : est-ce la fin de vie utile de cet objet? Pour bien des affaires, ce n'est pas réutilisable. Mais pour beaucoup d'autres, ça peut servir à autre chose. Il existe sur Internet une foule de trucs. Ça vaut la peine de fouiller.

Même en alimentation, on peut aussi réutiliser. De ce côté, j'avoue, je pourrais faire des efforts.

La semaine passée, il y avait un Café Réparation, à Québec. Dans mon cas, 2 pièces de vêtements et un drap contour réparés. Tout ça gratis et entouré de plein de beau monde!

Il y a aussi les pages As-tu ça toi? qui peuvent être très intéressantes. J'ai donné plusieurs choses qui m'embarrassaient et dont je ne me servais plus et au moins, je suis certain que quelqu'un les a reprises pour leur donner une deuxième vie.

Je suis bien conscient que c'est pas mal moins évident pour les gens en région de participer à ce genre de trucs. Mais peut-être qu'il y a sûrement moyen de s'arranger. Vous pourriez être des pionniers dans votre région.


  • Recycler
"Moi, je fais ma part, je mets tout ce qu'il faut dans mon bac bleu."

Je n'ai rien contre ce discours. Mais avouons qu'il est bien mince. Avant Noël, beaucoup de gens ont vu et partagé l'excellente vidéo du groupe Alaclair Ensemble, une campagne efficace de la Ville de Laval. Métal, verre, plastique, carton, papier, that's it!

Cette vidéo est excellente, car elle a permis de faire prendre conscience aux gens que certaines choses ne doivent pas être mises dans le bac bleu. Des couches souillées (!), des télés, c'est non. Et ce ne sont pas tous les cartons et tous les plastiques qui vont dans le bac non plus.

On le sait, c'est un peu le chaos dans certains centres de tri. Et l'annonce faite cette semaine par le gouvernement Legault sur l'élargissement de la consigne est très intéressante. Et à surveiller!

Pour les personnes intéressées, deux éditos de Robert Dutrisac du Devoir (ne pas se fier à sa face de bougon ;)). Le premier sur les centres de tri et le recyclage, puis l'autre sur la consigne, Recyc-Québec et ses pouvoirs limités et Éco Entreprises Québec, un lobby pas mal fort qui est contre la consigne. Et un autre texte intéressant du Huff Post Québec, qui permet de comprendre d'autres enjeux. Bref, on comprend que tout ça c'est complexe.

Par ailleurs, je me permets de signaler que ce R de recycler vient après les 3 autres (refuser, réduire et réutiliser). Donc oui, recycler, c'est bien. Mais il y a d'autres options avant. Et, individuellement, on a assez peu de pouvoir sur ce R de recycler. Alors que pour les 3 autres d'avant, oui, on en a.

Le Pacte, c'est pas mal ça, au fond. On fait notre part, dans nos maisons, chez soi et avec notre bac, mais les gouvernements aussi doivent agir, avec beaucoup de moyens. On est dû pour une réforme en profondeur de tout le système de récupération (collecte sélective), qui a connu bien des ratés ces dernières années.

Bon à savoir : en théorie, le verre est recyclable à l'infini. Je dis ça de même...

  • Valoriser
Ici, on parle de compost. J'ai moins de chose à dire. Sauf peut-être qu'il est particulièrement intéressant de savoir que quand les gens ont l'option du compost, ils ont tendance à plus gaspiller de bouffe. Pas grave, ça va dans le bac brun. Euh, oui, ok, mais on pourrait faire mieux (les 2 premiers R, tsé).

  • Éliminer
L'élimination, c'est l'enfouissement ou l'incinérateur. L'idée est évidemment d'avoir le moins possible de choses qui vont là. Les sites d'enfouissement débordent. Les incinérateurs rejettent des particules pas cool dans l'air. Pas plus compliqué que ça.

Alors voilà pour les 4RVE.

S'empêcher de vivre?

Oui, mais, Étienne, on va quand même pas s'empêcher de vivre? Bien d'accord. En fait, presque. Je pense qu'on peut juste penser à vivre différemment, un peu, pas mal, déjà. Je pense qu'on est rendus là.

Suffit de se poser des questions. En ai-je vraiment besoin? Un VUS ou une auto suffit? Ou juste pas d'auto? Compenser ses voyages en avion? Tout ça, ça se fait. Ça demande des efforts, certes, mais c'est possible.

Moi-même, j'ai un char. J'en ai pas trop honte. Et je veux le garder, pour le moment, car j'en ai besoin et que l'offre de transport en commun où j'habite ne me convient pas.

Qu'est-ce qu'on fait?

Alors, qu'est-ce qu'on fait? J'ai le goût de déclarer, haut et fort : place à l'action! Sans vouloir accuser des gens, j'espère sincèrement que certaines personnes vont repenser un peu leur mode de vie. Faudra-t-il en arriver à taxer les déchets au poids? Une telle mesure ferait rager bien des gens, mais ça éveillerait peut-être les consciences.

La protection de l'environnement et la lutte aux changements climatiques, ça peut devenir bien abstrait, car on ne voit pas les impacts sur nos vies, concrètement. Mais une facture salée quand les bacs de poubelle et de récupération sont pleins, ça, ça parle plus aux citoyens.

Car oui, on peut (on doit?) faire mieux. Des données, des études et des rapports nous indiquent qu'il ne reste plus grand temps avant que les conséquences, au niveau mondial, soient désastreuses... Hausse du niveau des eaux, réfugiés climatiques, phénomènes météo extrêmes plus fréquents, on le sait, les nouvelles ne sont pas très bonnes.

Et la meilleure réponse à cette éco-anxiété qui pourrait se développer, surtout chez les jeunes, c'est l'action. Disons-nous que chaque geste compte. Dans la maison, dans les magasins, dans sa cour arrière, dans la rue.

Alors, on agit?