1/06/2020

Le temps d'un gros bilan

Ça fait des semaines que je me dis qu'il faut que je me remette à l'écriture...

Alors allons-y.

Bonjour 2020!

Ce n'est pas la fin d'une décennie (elle a lieu fin 2020 en fait), mais c'est certainement un bon moment pour faire un bilan des dernières années. Le chiffre rond donne le goût de s'arrêter un instant et de constater ce qui a été fait et ce qui s'en vient pour nous.

Je l'ai déjà fait à quelques reprises avant, il y a quelques années. Prendre une pause pour noter nos bons coups, nos moins bons, ce qu'on a aimé et ce qui nous a fait un peu chier.

L'exercice permet de replacer certaines choses et de se recentrer, de laisser décanter ce qui a été secoué, de réaliser ce qui se trouve derrière et d'entrevoir ce qui s'amène.

Bon, alors quoi dire des dix dernières années... Il y a beaucoup à dire (ou à écrire, plutôt).

Sur le plan professionnel, j'ai d'abord fait du journalisme. Par la suite, j'ai quitté le métier pour le milieu plus large des communications. Pour finalement y revenir l'automne dernier.

Sur le plan personnel, un paquet de constats, beaucoup de questionnements, énormément d'apprentissages... Des doutes, des incertitudes, un être cher malade qui trépasse (j'y reviendrai)... mais aussi des joies, des succès, des naissances, du bonheur en masse et tout plein de moments mémorables, plus ou moins grands, avec des gens que j'aime.

Au fil des années, je me suis de plus en plus impliqué socialement (je reviendrai à ça aussi). Et je compte bien poursuivre dans cette voie...

Donc, OK, on part ça. Rapido, petit bilan des dernières années :

2010. Je termine mon bacc en communication, concentration journalisme. Collation des grades en juin 2010. Je suis de près le milieu des médias, qui m'intéresse beaucoup (ce qui n'a pas changé du tout).

L'été, je travaille comme technicien en échantillonnage, tri et pesée de matières résiduelles (ou quelque chose de même). Essentiellement, je trie des déchets pour caractériser leur contenu. Sale job, y a pas à dire. Mais ça me change les idées et me rapporte un certain salaire.

Je le savais pas mal, mais je réalise vraiment à quel point, au Québec en tout cas, on jette et on gaspille. De la bouffe, beaucoup trop. Des objets recyclables, d'autres encore utiles ou bonnes, mais aussi une énorme quantité de déchets. C'en est révoltant.

(Je reviendrai là-dessus, indirectement du moins, dans un autre billet plus tard sur 2020, que j'aimerais publier d'ici quelques jours.)

À l'automne, je réalise un stage pour un organisme en environnement à Québec, via le programme Écostage.

2011. Je suis engagé comme journaliste pour un hebdo en banlieue de Montréal. Je travaille là quelques semaines jusqu'à ce que j'arrive à la conclusion que c'est un milieu pas fait pour moi (ou plutôt l'inverse, en fait), car je n'ai pas confiance en moi. Bref, je décide de quitter mon emploi (et une très belle équipe, je dois le dire, une gang soudée et engagée).

Ma blonde de l'époque part en voyage au Bénin pour plusieurs semaines. De mon côté, je me cherche pendant des semaines. J'ai besoin de laisser décanter. Je lis mon Devoir numérique chaque matin, je prends quelques marches, mais pas grand chose m'allume.

2012. Rupture amoureuse, avec une femme rencontrée pendant mes années de travail dans les camps de vacances. Je décide de me choisir.

Je quitte notre appart dans Montcalm et je retourne chez mes parents temporairement, question de faire le point. Finalement, je décide de rester à Québec, d'abord chez ma cousine qui m'héberge gracieusement, le temps de me trouver une autre place où rester. Je me trouve une chambre dans une maison sur René-Lévesque. Rien de bien luxueux ou spacieux (je fais entreposer plusieurs de mes trucs), mais ça fait le travail. Je vis simplement et me contente de peu.

Toujours pas de travail. J'envoie quelques CV, sans trop de sérieux. Je ne m'en fous pas, mais pour le moment, ce n'est pas une priorité pour moi.

Je suis beaucoup l'actualité, surtout ce qui ce passe au Québec. Je mange des nouvelles et ce qui se trouve sur les médias sociaux, Facebook était mon média favori (je me dis que ce truc est promu à un bel avenir, en tout cas). J'écoute aussi beaucoup d'émissions sur mon ordi, car pas de télé. Je prends le temps de lire des vrais livres.

C'est le début du printemps étudiant. Le mouvement social prend de l'ampleur et m'interpelle. Ça éveille chez moi quelque chose.

Un jour de grande manif, je sors prendre la rue, avec une vieille casserole et une cuillère de bois, avec tous les autres qui portent leur carré rouge. On est des milliers.  Je savais que j'étais sensible aux affaires publiques, mais c'est un petit point tournant qui me démontre que l'engagement social a quelque chose de bien beau.

Politiquement, au Québec, ce mouvement fait notamment émerger le nouveau parti Option nationale, fondé entre autres par l'ancien député péquiste Jean-Martin Aussant, qui en est le chef. J'apprends à le connaître, je découvre son parcours, ses idées, ses convictions. Je décide d'embarquer dans le mouvement. Je participe à des rassemblements à Québec, même si peu de gens sont présents.

Je deviens membre de ON et j'en suis fier. Je rencontre des candidats aux élections de septembre 2012. Bref, de super rencontres pour de super idées!

À l'automne, ne sachant trop vers quoi je m'en vais, je décide de m'inscrire à la maîtrise en communication publique à l'Université Laval. J'habite près du campus, alors c'est pratique. Les cours sont stimulants. À l'université, je rencontre une fille super intéressante avec qui je serai en couple pendant près de six ans.

Je travaille aussi au Centre d'études sur les médias, où nous analysons le contenu médiatique de la dernière campagne électorale au Québec.

2013. On va aller un peu plus vite pour les prochaines années, si vous le voulez bien.

À l'université, le fait de devoir me trouver une question de recherche m'affecte. On dirait que ça m'intimide. Peu confiant, je ne sais pas trop vers quoi me diriger, car plusieurs trucs m'intéressent. Mais il faut bien que je fasse un choix. Entre-temps, ma copine m'oriente vers un beau poste en communication pour un organisme à but non-lucratif. Ça m'intéresse et ça me convient. Je suis engagé comme infomestre!

2014, 2015 et 2016. La vie suit son cours. Avec ma copine, nous faisons quelques voyages. Washington, mont Washginton (une superbe ascension, vraiment!), Chicago pour mes 30 ans (un super voyage, vraiment!).

Alors que j'approche les 30 ans, je fais une petite folie (avec l'appui et la complicité de mes parents). Je mise gros lors de la Grande guignolée des médias et je participe à un enregistrement de La soirée est (encore) jeune. On m'invite même au micro, aux côtés de la bande. Olivier Niquet demeure mon préféré.

Avec ma copine, nous déménageons, fin 2016, dans un condo du secteur Lebourgneuf à Québec. Je suis bien.

2017 et 2018. La vie suit son cours. Voyage en Gaspésie à l'été 2017. Je me fais beaucoup de sandwichs et, à l'initiative de Clément Laberge, je vais en manger plusieurs devant l'Assemblée nationale. On en parle dans Le Soleil.

Je décide de m'impliquer un peu avec Québec solidaire, le parti qui me rejoint le plus (justice sociale, écologie, indépendance). Je veux surtout voir de plus près les coulisses d'une campagne. J'apprécie l'expérience, mais elle ne durera pas.

Automne 2018, ma copine et moi reconnaissons que nos voies s'éloignent. D'un commun accord, on décide de se laisser. Ça me fait de la peine, bien sûr.

Et je sous-estime surtout le poids de la solitude. Dans les semaines qui suivent, les repas sont vraiment moins animés et agréables.

L'hiver s'en vient. Les périodes d'ensoleillement se font de plus en plus courtes. Cela affecte mon moral et mon humeur.

2019. Année de bouette (de cul, même) qui débute très mal. Atteint d'un cancer, mon père meurt, après plusieurs jours aux soins palliatifs. Il est parti en douceur, dans la dignité, entouré des siens. Quel homme bon au coeur tendre il a été!

C'est un choc. J'aurais tellement aimé passer encore du temps avec lui pour discuter de toutes sortes de choses, avec complicité et plaisir.

Le retour au travail ne se passe pas bien. J'ai de la difficulté à me lever de mon lit. Je n'ai pas d'énergie. Je prends donc un congé maladie de plusieurs semaines.

Je soupe avec un cousin que ça fait longtemps que j'ai pas vu et ça me fait du bien. On jase beaucoup, c'est agréable. Il m'encourage à plonger et à oser, ça me motive.

Cela dit, je n'arrive pas vraiment à remonter la côte. Les journées s'avèrent dans l'ensemble difficiles. Je suis peu motivé. Je poursuis mes rencontres en thérapie offertes par l'employeur. C'est OK, mais je ne peux dire que ça génère chez moi un rétablissement et un regain d'énergie probant.

J'effectue un retour au travail progressif. Mais ça continue de battre de l'aile.

Finalement, je décide de quitter mon emploi avant mes vacances. Je pars en solo vers Natashquan, sur la Côte-Nord. Ma mère lance l'excellente idée de proposer un voyage Amigo pour m'accompagner pendant la route. À Québec, le matin, je rencontre Ksenia Tsypina, d'origine russe, et son fils Pavel, que je conduirai jusqu'à Sept-Îles. C'est aussi avec elle que je ferai le chemin du retour, de Baie-Comeau à Québec.

La route paraît vraiment moins longue en bonne compagnie. On jase de plein de trucs, de séries télé, de politique, du conflit étudiant de 2012, de la vie en région...

Rendu à la dernière journée de mon voyage, je lui confie que j'ai quitté mon emploi et que je ressens un beau sentiment de liberté. Et que je veux travailler plus intensément sur un projet d'entreprise en économie sociale dans le domaine du recyclage. Elle m'encourage à me lancer.

Fort ressourçant et fort stimulant.

2020. Globalement et avec un certain recul, je suis quand même content des dix dernières années.

J'ai pu préciser des choses dans ma tête, dans ma vie. Identifier ce qui m'interpelle, ce que je veux et, surtout, ce qui me rend heureux.

Aucun commentaire: