5/09/2013

Défi Écono de Walmart : pas pour moi

J'ai participé au Défi Écono Walmart, la semaine passée. Grosso modo, on avait invité quelques personnes du milieu du Web et des médias sociaux à dépenser environ 100 $, si possible selon un thème. En échange, la méga multinationale faisait parler d'elle sur Twitter, Facebook, Instagram, etc.

Un gars que j'ai connu il y a des années, et avec qui j'ai repris contact récemment grâce à la Toile, m'a présenté le concept il y a deux semaines environ. Il avait pensé à moi. Sans trop hésiter, j'ai embarqué. 100 $, c'est 100 $ après tout.

Ma copine et moi nous sommes donc procurés du compost et quelques pots pour notre petit jardin cet été. Il restait de l'argent sur la carte-cadeau donnée et j'avais besoin de lames de rasoir, alors j'en ai profité. Avant de nous laisser aller dans les allées de la grande surface, le gérant nous a fait sa petite promo de linge du programme Achat-Québec, qui encourage les fournisseurs québécois, et nous a dit un grand merci pis que ça lui faisait dont plaisir. On nous a même donné un beau sac cadeau avec des trucs Best Value dedans (c'est la marque maison de Walmart, encore moins chère que pas chère). S'y trouvaient des barres tendres au chocolat, un petit emballage individuel de trempette composé de bâtonnets et de fromage fondu, du chocolat, des poudings au chocolat, des nouilles déshydratées pour faire une soupe express et ultra salée... et même un sachet de mélange à sauce pour le "porc savoureux" (wow...).

Le Soleil a parlé de la soirée, tout en précisant que les blogueurs sont "libres d'exprimer leur opinion" et qu'il n'y a "aucune restriction dans leurs propos". Ça tombe bien.

C'est quand même fou ce que le marketing peut nous faire faire. D'abord, en ce qui me concerne, il n'y avait pas tant de "fébrilité dans l'air", comme l'écrit le journal. J'ai déjà connu des moments nettement plus emballant. Je me suis limité à seulement deux ou trois tweets personnels avant l'événement, outre les photos. Avec un tweet de remerciements à mon retour, pour souligner quand même la gentillesse de Walmart de nous permettre de participer à ce mouvement qui se déroulait au même moment à travers le Canada (on était 22 à Québec). Mais c'est tout. Certains participants ont été plus généreux dans leur promo sur leur blogue respectif : ai pris ci, ai pris ça, avec photos des articles et tout le tralala. Je suis de toute évidence outsider ici, car je n'ai pas fait ça.

Depuis la semaine dernière, j'y pense. Ce n'est pas que je regrette nécessairement d'avoir participé. C'est juste que je pense que si jamais on m'offrait le truc à nouveau, je dirais non. Quand j'ai dit à ma mère, avant le défi, que j'allais "faire de la pub" pour Walmart en échange de l'équivalent d'un billet brun, elle a souligné le fait que c'était un peu contradictoire avec mon discours. Elle avait sans doute raison. Explications.

Je suis du genre critique, surtout en ce qui a trait à la consommation. Je suis depuis longtemps en faveur d'une consommation responsable. Par principe, ça fait des années que je ne vais plus au McDonald's. J'ai pris la décision en plein voyage scolaire à New York. Je me suis dit que c'était le bon endroit et le bon moment pour me fixer ce petit objectif pour le reste de mon existence. Depuis, j'y suis allé quelques fois à peine (ça se compte sur les doigts d'une seule main, je le jure). Pour une poutine un moment donné (pourtant, elles sont bien meilleures ailleurs), une autre fois pour un McFlurry.

Tout ça pour dire que bien souvent, dans la famille, je suis comme la personne ressource ou du moins la personne dont on se méfie à chaque fois qu'un achat un peu compulsif/déraisonnable/non-éthique/exagéré est fait. Alors aussitôt que j'ai mis les photos qu'on a prises de nous dans le mégacentre, ma belle-soeur et ma soeur ont été bien surprises et se sont empressées de le démontrer sur Facebook par le biais des commentaires sous une photo de moi et ma blonde en train de se procurer des pots."Étienne chez Walmart?!?" de la part de l'une. "Je suis bouche bée..." de la part de l'autre.

Un certain été, j'ai travaillé à la rédaction d'un guide sur la tenue d'événements écoresponsables pour l'Université Laval. J'en ai lu, des trucs inspirants pour faire en sorte d'améliorer un peu le sort de cette ô combien belle mais pauvre petite planète que nous habitons. D'ailleurs, le 81e congrès de l'Acfas se tient à Québec, sur le campus. Et je suis bien content de voir que, par souci d'écoresponsabilité, les chandails des bénévoles ont été fabriqués par OÖM. Et que le café et le thé servis pendant la semaine du congrès est biologique et équitable. Que les transports collectifs sont favorisés. Et quelques autres mesures comme ça, quand c'était possible.

Toujours est-il que j'éprouve souvent un petit malaise à magasiner dans un endroit qui, disons-le, n'est pas le meilleur exemple en termes de conditions de travail. C'est quand même pas jojo ce qui se passe dans certains pays. Pis moi, jeudi passé, je me ramasse au Walmart (un endroit que je fuis presque d'habitude). On nous a pris en photo, ça s'est retrouvé sur Twitter avec le hashtag #defiwalmart. Par conséquent, j'ai été un agent de promotion pour un magasin que je n'aime pas, que j'ai même tendance à dénoncer, parfois. On m'a eu.

Soyons clair. Cela n'est pas une critique du travail des gens qui ont envoyé les invitations et assuré le succès de l'événement, si on peut considérer ça comme un événement. Ils ont fait un excellent travail. Il s'agit simplement d'un constat de ma part.

Le problème en fait, c'est plus moi. L'idéaliste que je suis ne peux pas contribuer à la visibilité d'un commerce comme Walmart, symbole ultime de la surconsommation et de l'exploitation (les mots sont durs, mais je les assume). Je sais, c'est pas cher, acheter là, et certains articles peuvent même valoir la peine. Je réalise par contre que ce n'est pas pour moi. La prochaine fois, donc, je vais passer.

Qu'on me traite de rabat-joie, je m'en fiche. Je suis bien conscient que je suis un peu poche de lancer des roches à un truc qui m'a permis de me procurer des biens gratuitement. Je ne fais qu'affirmer ma réflexion (et mon malaise) autour de l'événement.

C'est une stratégie pour faire parler avant toute chose. Et visiblement, ça a marché.