10/15/2010

Appel à la réduction

15 octobre : c'est le Blog Action Day. Cette année : c'est l'eau. J'écris mon billet bien tard, mais mieux vaut cela que jamais.

J'y avais participé il y a trois ans, lors de la première édition qui portait sur l'environnement. En 2008 aussi, j'avais écrit quelque chose, cette fois sur la pauvreté. Probablement en raison d'un manque d'attention, j'ai passé mon tour l'an dernier.

Aujourd'hui, des milliers de personnes ont abordé le thème de l'eau de différentes façons. J'adore le concept de traiter d'un sujet commun, cette idée de porter aux yeux de millions d'internautes une cause pertinente pour montrer aux gens à quel point la nature humaine peut être absurde. Une belle façon de sensibiliser nos confrères terriens que des choses ne tournent pas rond sur la planète bleue (subtile plogue du thème ici...).

Le Blog Action Day, c'est comme un espèce de "En ville sans ma voiture" sans que personne n'ait besoin de marcher ou d'enfourcher un vélo.

L'eau, donc. Source d'injustice et de vie.

Beaucoup de choses m'énervent dans la vie. L'insatisfaction des besoins primaires en est une. Dans cette ouate dans laquelle nous vivons, c'est pas toujours évident d'avoir le recul pour y réfléchir. Manger, boire, se laver : on fait tout ça sans s'arrêter, le temps de prendre conscience de l'abondance dans laquelle on vit. Alors que d'autres ont un criant besoin de cette ressource qu'est l'eau, nous, on en prend pour laver nos autos aux deux semaines. On boit de l'eau faussement meilleure dans une bouteille de plastique.

Mais fuck, honnêtement, qu'est-ce que ça nous fait qu'il y ait quelques traces de poussière sur nos carrosseries? Est-ce que, vraiment, ça nous empêche de dormir? Est-ce que, si on n'achetait pas de bouteilles d'eau en plastique, on risquerait d'être malade? Ou pire encore, ça nous empêcherait de vivre?

Oui? Pardon, oui? Ah ben, dans ce cas là, il y a lieu de se demander où le monde s'en va.

Parce que, presque toujours, surtout ici, en cette belle Amérique du Nord, l'eau utilisée pour laver les autos est une eau tout à fait potable. Chose qui, dans bien des pays, est aussi rare qu'un politicien qui tient une promesse.

Je pense à ça et je ne peux m'empêcher d'imaginer ces peuples mourant en raison d'un manque d'eau potable. À ces personnes qui souffrent de problèmes d'hydratation, des problèmes à des années lumière d'une bagnole complètement crottée ou l'absence d'une bouteille d'eau de plastique ô combien essentielle...

Je les vois, tout ces gens, dans ma tête. Je les vois nous observer. Je les vois constater que nous consommons sans aucun scrupule un élément essentiel à la vie. Ces piscines immenses, ces arrosages de cour, ces douches de plus de dix minutes...

Je vois la colère dans leurs yeux. Je peux presque les sentir rugir dans leur intérieur. Ils constatent ce gaspillage et se disent qu'ils en ont vraiment besoin, eux, de cette eau. Qu'ils connaissent des gens, des membres de leur famille proche, qui sont morts parce que l'eau manquait ou n'était pas propre à la consommation. Et surtout, je perçois une question, dans leurs yeux remplis d'incompréhension : pourquoi?

Oui, pourquoi donc? Je n'ai pas de réponse complète, simplement de petites solutions quotidiennes.

Un rapport tout récemment dévoilé par la Word Wildlife Fund a établi, sans aucune surprise, que l'humanité vit au-dessus de ses moyens. Tu lis ça et tu te dis : merde, qu'est-ce que je pourrais faire pour améliorer le sort de l'humanité, rien de moins?

Une parcelle de réponse : en réduisant sa consommation. Pas juste d'eau, mais de tout plein d'autres choses aussi.

Comme les crisses de bouteilles d'eau en plastique qui polluent, dont la fabrication nécessite une astronomique quantité de pétrole, et qui ne servent qu'à satisfaire de faux besoins...

10/13/2010

L'incompréhension de Quebecor

Je ne suis pas un grand amateur de ce qui est mercantile. Cela dit, quand j'ai vu les lock-outés du Journal de Montréal presque sauté de joie, mardi, quand on a annoncé que 89,3 % des syndiqués s'opposaient aux offres patronales, je suis demeuré perplexe.

Mais après un certain recul, j'ai compris. J'avais déjà un peu lu dans les médias qu'on parlait d'une réduction drastique d'effectif. La direction de l'empire médiatique voulait conserver seulement 52 postes sur 253, et seulement 17 journalistes sur 65. C'est pas beaucoup, avouons-le. Juste pour comparer, le Devoir, qui a un tirage 10 fois moins important que le JdeM, compte une quarantaine de syndiqués parmi lesquels figurent 25 journalistes. En passant, Le Devoir, quotidien indépendant, connait moins de difficultés financières que bien d'autres journaux.

52 jobs, merde. Sur les 253 syndiqués, vouloir garder si peu de gens, c'est presque se foutre des employés. Ou ne penser que dans une logique commerciale, sans respect pour l'organe social qu'est un journal. Expliquer de telles propositions par la crise profonde des médias et une "nouvelle réalité de la presse écrite", désolé, mais je n'y crois pas trop.

Mais ce qui est le plus odieux dans la proposition patronale, c'est cette fameuse clause de non concurrence, qui demande aux syndiqués de mettre la hache dans Rue Frontenac en plus de ne pas travailler pour La Presse/Cyberpresse pendant six mois.

Le président du syndicat, Raynald Leblanc, parle de principe, dans une entrevue accordée au Trente. "Tu mets des gens dehors, tu ne les empêches pas d’aller travailler ailleurs", se désole-t-il. Il rappelle également qu'une augmentation du lectorat du JdeM est "la pire affaire qui pouvait nous arriver".

Patrick Lagacé, chroniqueur à l'émission de Mario Dumont sur V, a dit mercredi y voir "un signe de faiblesse" de la part de Quebecor. Pierre-Karl Péladeau, le pdg de l'entreprise, aurait-il peur de ce que pourrait devenir, à plus long terme, Rue Frontenac, qui, d'ailleurs, sera sous une version papier hebdomadaire gratuite très prochainement?

Il faut le dire, les syndiqués ont bâti quelque chose de beau. Rue Frontenac est économiquement viable, selon M. Leblanc, même sans fonds de grève, et les syndiqués y tiennent mordicus. "La seule avenue viable pour nous, pour essayer de sauver des jobs, c'était Rue Frontenac", a soutenu M. Leblanc au Devoir.

Reste que présentement, les relations sont on ne peut plus tendues, et les négos au point mort. Le plus long conflit de travail de la presse francophone au Canada n'est pas près de se terminer.

Par ailleurs, deux lock-outées, Pascale Lévesque et Valérie Dufour (qui a comparé l'arrivée de PKP à un "loup" qui entre dans la bergerie...), seront à Tout le monde en parle ce dimanche.


P.S. C'est le Blog Action Day vendredi, dont le thème cette année est l'eau. Je me prépare mentalement.