7/11/2010

Quebecor la tête dure

La nouvelle a été traitée par quelques médias, alors peut-être en avez-vous entendu parler. Les journaux de Quebecor ont décidé de se retirer du Conseil de presse du Québec il y a deux semaines.

Sun Media, une filière de Quebecor, explique dans sa lettre envoyée au Conseil, dont l'intégral est sur le blogue du Trente, qu'elle quitte le Conseil parce que leur "insatisfaction s'est accumulée". Quebecor juge que les récentes décisions rendues par le Conseil comportent une "faiblesse des motifs", "un caractère arbitraire" et "une absence de rigueur".

Le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), Bryan Myles, soutient que ce n'est pas une façon de régler les problèmes. La ministre de la Culture, Christine St-Pierre, s'est aussi prononcée, affirmant souhaiter un retour de la part de l'entreprise et que cette "politique de la chaise vide n'est pas la bonne".

Le président du Conseil de presse, l'ex-juge John Gomery, dit que le Conseil continuera de traiter les plaintes du public concernant Quebecor, malgré les menaces de l'empire de le tenir "responsable de tous dommages et préjudices subis".

Dans cette bataille, Quebecor est probablement seul de son côté. Le Conseil défend le public et une information de qualité. En mettant des bâtons dans les roues du Conseil, Quebecor ne fait qu'affaiblir la crédibilité du tribunal d'honneur, composé à la fois de membres du public, de journalistes et de cadres des médias. C'est tout à fait déplorable.

Personnellement, j'avais été satisfait d'apprendre le nom du nouveau président du Conseil, en début d'année. Je m'étais dit qu'avec Gomery, le CPQ bénéficierait d'une plus grande considération, particulièrement après le départ quelque peu houleux de son ancien président démissionnaire, Raymond Corriveau. Mais voilà que Quebecor vient empirer les choses, déjà que TVA, Corus et Astral ne sont plus membres depuis moins d'un an.

Ainsi, on peut dire que Quebecor, sans ombudsman et sans être membre du CPQ, ne considère pas suffisamment la véritable valeur du journalisme voué à une information de qualité. Obstiné, Quebecor ne se veut imputable à personne. Les entreprises de presse ont des responsabilités. Le fait que Quebecor claque la porte du Conseil ne peut que dégrader la qualité de l'information.

Plutôt que de voir le Conseil comme un organisme qui ne fait que blâmer publiquement les entreprises de presse, il faut le considérer comme un défenseur des citoyens et d'une information de qualité, exacte et équitable. Le CPQ n'est pas là que pour réprimander, mais bien pour améliorer les standards en matière de pratiques journalistiques. Malheureusement, Quebecor ne semble pas raisonner de la même façon.

Le CPQ et Quebecor devraient se rencontrer cette semaine. Le dossier est donc à suivre.

MÀJ : Quebecor a finalement refusé de rencontre les représentants du Conseil de presse. L'empire médiatique boycotte désormais l'organisme. PKP a jugé la rencontre "superfétatoire", ou inutile, pour utiliser un langage plus familier.