4/29/2010

Non à l'approbation

Le Guide de déontologie de la Fédération professionnelle des journalistes est assez formel là-dessus, à l'article 5 c), à propos de l'approbation par les sources.

Les journalistes ne soumettent pas leurs reportages à leurs sources avant de les publier ou de les diffuser.

Pourtant, j'ai écrit un dossier sur une profession, dans le cadre d'un de mes derniers cours de formation. C'était pour un cours, mais il est toujours possible que je le vende en tant que pigiste.

Bref, tout ça pour dire que quelques sources du dossier ont demandé à voir ce que j'allais publier. Certains points étant un peu plus délicats, ils veulent être certains que l'information concorde bien avec ce qu'ils m'ont dit. Je peux comprendre cela.

Mais jusqu'à maintenant, et je ne pense pas le faire à l'avenir non plus, je n'ai jamais montré le contenu intégral d'un article à une de mes sources. Par principe journalistique. Ce que je peux faire, s'ils ont des craintes, c'est leur faire confirmer qu'ils m'ont bien mentionné certains éléments précis que je risque de relever dans l'article. Il y a une légère différence, mais elle est importante.

Quand même, ils sont plusieurs à ignorer ce point, ne voyant pas trop de mal à ce que la source ait un droit de regard sur l'information. Un beau signe que la confiance ne règne pas nécessairement toujours entre le journaliste et les sources.

Une remarque comme ça.



4/27/2010

Des journalis au gala Artis

J'ai regardé avec un certain intérêt le gala Artis, diffusé dimanche dernier, à TVA. Je voulais voir ce que les Grandes Gueules allaient offrir comme gags. Dans l'ensemble, c'était rien de bien impressionnant.

Mais je me suis demandé un peu ce que Céline Galipeau, Alain Gravel et compagnie faisaient là. Honnêtement, le gala Artis, censé récompenser les artistes du petit écran québécois, au cours duquel on retrouve des journalistes parmi les plus chevronnés du Québec...

J'en ai discuté brièvement avec ma prof aujourd'hui. Elle disait que lorsqu'on est journaliste, on n'a pas trop d'affaire à assister à des célébrations comme le gala Artis. Personnellement, j'aime bien mieux les voir remporter le prix Judith-Jasmin qu'un Artis... Bizarrement, on ne parle que très peu de ces prix journalistiques remis chaque année par la FPJQ et aussi par l'Association des journalistes indépendants du Québec, depuis l'an dernier, avec les GPJI.

Ça manque un peu de sérieux, c'est vrai. Jean-Luc Mongrain et Pierre Bruneau ont remporté à quelques reprises des trophées. C'est vrai qu'avec leur personnalité, surtout celle éclatée de Mongrain, on peut comprendre que des gens apprécient leur travail. J'aimerais savoir juste pour le fun les cotes d'écoute de Mongrain (sur LCN, une chaîne spécialisée) et de Enquête (à Radio-Canada, chaîne généraliste).

J'aurais vraiment aimé que Gravel gagne, c'est sûr. Sauf que Mongrain a beaucoup plus d'impact, et le gala récompense la popularité, l'amour et la reconnaissance du public. Alain Gravel, avec ses brillantes enquêtes, a-t-il séduit le public avec son excellent travail? Pantoute. Disons-le franchement, cette fête existe pour récompenser le monde de la télé bien plus en matière de divertissement que d'information. Bref, le monde du showbizz. Pas surprenant que TVA rafle plus que Rad-Can.

De voir Céline Galipeau, qui fait un excellent travail en passant, être nommée pour "Personnalité féminine de l'année", c'est un peu exagéré. A-t-on vraiment pensé qu'elle pourrait gagner dans cette catégorie, contre Julie Snyder et Véronique Cloutier? Le prix le dit : "Personnalité de l'année". Et entre vous et moi, est-ce que lire des bulletin de nouvelles avec un air sérieux donne une belle personnalité? Selon moi, elle était là bien plus en guise de reconnaissance de son bon travail que parce que les organisateurs pensaient qu'elle pourrait gagner.

Et mauvaise idée, aucunement drôle en fait, de présenter de fausses pages Facebook des nommés. Les malaises sur leurs visages témoignaient de la maladresse, d'ailleurs.

Au prochain gala Artis, j'aimerais voir juste des artistes.

4/20/2010

Bilan de stage

Je vous avais dit que je reviendrais sur mon stage. J'en ai finalement fait un texte pour L'Intercom, le magazine des étudiants en communication publique de l'Université Laval, et dont j'étais le rédacteur en chef.

Petit bilan d'une expérience somme toute enrichissante.


Toute une occasion!

En entrant dans les bureaux du journal Québec Hebdo, au neuvième étage de l’édifice situé sur le boulevard Charest, j’avais hâte. Mais j’étais aussi un peu nerveux. Le baptême du travail, dans un endroit inconnu, peu importe lequel, est souvent difficile.

C’est là que j’ai effectué mon stage de 10 semaines de janvier à la fin mars. Maintenant qu’il est terminé, je qualifie le stage par deux mots : satisfaisant et formateur. Satisfaisant parce que j’ai eu ce que je voulais avoir. Le stage est vraiment une belle façon de déterminer si le journalisme, en tant que profession, me convient, et dans quels contextes je préférais le pratiquer. J’ai donc pu, en l’espace de quelques semaines, me mettre dans la peau d’un vrai journaliste, un peu comme on a l’occasion de le faire à L’Exemplaire ici. J’ai couvert des conférences de presse, fait des entrevues avec tout plein de monde, pris des photos, etc. Ainsi, j’ai à mon actif plusieurs textes sur le site Internet dudit média et dans leurs différents journaux locaux.

Dans mon cas, j’ai pu voir que travailler pour un hebdo, qui est pratiquement un quotidien car on doit aussi alimenter le site Internet, m’empêchait de fouiller en profondeur des sujets qui me passionnent, personnellement. J’aime plus traiter d’une question avec un angle précis et y mettre davantage de temps que de courir un peu après tout le monde, suivant un rythme moins posé.

Si j’ai aimé mon expérience? Oui. Mais disons simplement que je n’ai pas trippé comme un enfant aux glissades d’eau ou à La Ronde. Le court délai de remise des textes, bien qu’apportant un léger stress, ne dérange pas trop. De toute façon, la pression, en journalisme, ce n’est pas rare qu’il y en ait. Sauf que pendant mon stage, j’ai eu cette impression, par moments, d’écrire pour des entreprises ou des organisations qui voulaient faire passer leur message plutôt que pour informer le public, rôle pilier du journaliste. Sans compter qu’on m’a déjà fait appeler, pour une journée, des commerçants pour qu’ils me parlent de l’ouverture de leur nouveau magasin, restaurant, salon de bronzage ou de beauté... pour que je rédige un beau texte de quelques lignes présentant l’entreprise. Là-dessus, j’avoue que j’ai encore un peu de mal à saisir où est l’acte journalistique...

C’est vrai que ce n’est pas avec Québec Hebdo qu’on peut faire de grandes enquêtes. On traite souvent plus de dons communautaires ou de la dernière victoire de l’équipe pee-wee de soccer au tournoi régional, que de scandales ou de révélations fracassantes. D’un autre côté, j’ai pu côtoyer une très belle équipe, jeune et sympathique, avec laquelle j’ai pu tisser des liens et discuter du métier.

Mais je pense quand même que le stage est formateur, ne serait-ce que parce qu’il amène à réfléchir sur soi-même, ce qu’on veut faire dans la vie, pour vrai. Et maintenant, je peux dire, avec un peu plus de conviction qu’en début de baccalauréat, que je veux exercer le métier de journaliste professionnel. Étudier dans le domaine des communications peut mener à une foule de métiers, reliés de près ou de loin à l’expression humaine. Mais pour moi, ça s’est clarifié. Il se peut que, par hasard, je sois attiré par quelque chose d’autre au cours des prochaines années. Mais honnêtement, ça me surprendrait.

Cela dit, le stage du baccalauréat, si on remplit les conditions d’admission, mérite d’être fait. Il s’agit d’un contexte dont le plus d’étudiants possible devraient profiter, parce que le stage fait progresser l’étudiant dans un cheminement différent de celui scolaire et théorique qu’on a vécu sur les bancs d’école. Et avec un bac assez théorique comme ici, c’est une occasion en or de plonger vraiment dans le métier. Ne la ratez pas!

Mon bacc étant quasiment terminé, je ferai certainement, prochainement, un autre bilan. Soit celui de trois ans d'études en communication.



4/15/2010

Le Sportnographe VS Jean-Charles

On dirait bien que Le Sportnographe, cette émission radiophonique sur les ondes de Radio-Canada, est la cible préférée de Jean-Charles Lajoie, animateur sportif sur les ondes de CKAC, entre autres, et débatteur à L'attaque à 5 sur V.

Quelqu'un est allé filmer une "cérémonie" de Jean-Charles Lajoie devant l'Oratoire Saint-Joseph, accompagné de quelques "disciples", tous espérant des victoires du Canadien. Un blogueur, peut-être l'instigateur de la vidéo, l'a reprise sur son site. Il en a averti le Sportnographe. Jean-Charles Lajoie, devenu animateur à CKAC après avoir remporté le concours Sport Académie, n'a pas très apprécié et il a pensé que le Sportno était à l'origine du clip (ce qui n'est pas le cas). Il leur répond bêtement à la radio, qualifiant leur travail et eux-mêmes de "caca nerveux".

Rappelons que l'an dernier, le Sportnographe avait pointé un plagiat de la part de Lajoie. Sans vouloir reprendre toute l'histoire, très bien résumée ici d'ailleurs, Lajoie avait volé le texte d'un ouvrage traitant de politique et de sport. Le lendemain, après s'être aperçu qu'on l'avait dénoncé, il s'est excusé auprès des auditeurs, non sans insulter le Sportno. Martin Leclerc, de RueFrontenac.com, en avait parlé aussi, ici et ici (à la fin), donnant lieu à moult commentaires, parfois disgracieux, sur le site.

Dans tout ça, on peut s'entendre sur le fait que la gang du Sportnographe, malgré leur look bizarre, est assez crédible, à en juger par les membres qui la composent, et que Lajoie ne l'est pas vraiment. Même s'il ne bénéficie pas de la même équipe que Radio-Canada en termes de recherche d'information, ce que Lajoie et Benoît Dutrizac dénoncaient l'automne dernier, Lajoie pourrait quand même vérifier ce qu'il avance.

Alors j'avoue avoir un peu de difficulté à ne pas "défendre" le Sportnographe. Ils sont allumés, parfois cinglants, sans être méchants. Cette veille médiatique de la bande de joyeux lurons semble inébranlable et c'est tout à leur honneur. Ils n'ont pratiquement rien à se reprocher, sinon de faire leur travail, qui est loin d'être du journalisme en passant. Divertissant.

Quant à Lajoie, je pense que ça doit être un peu dur pour lui des fois. Mais bon, il faut bien s'attendre à ça un peu. Aussitôt que tu entres dans cette arène du commentaire sportif, les critiques sont là, et elles peuvent être foudroyantes, bien plus que celles du Sportnographe. Le problème, c'est qu'il n'a pas beaucoup d'armes pour se défendre, alors il y va d'insultes et d'attaques sans profondeur.

N'empêche qu'entre quelques comiques qui ne se prennent pas trop au sérieux et un animateur qui tente de l'être, qui se plaint qu'on le démolit, souvent à raison, le camp est facile à choisir, je trouve.

Et j'oubliais, l'équipe du Sportno est en nomination aux prochains Olivier. Ce n'est pas un gage d'extrême qualité, mais quand même, ça veut dire quelque chose.

4/14/2010

Le jour de la mort

Michel Chartrand, le célèbre syndicaliste québécois, est mort cette semaine. Le journal Le Devoir, que je lisais très peu avant mon abonnement sur Internet, traite abondamment de l'homme dans ses pages, aujourd'hui. Témoignages, portraits, etc.

Il est mort lundi, donc avant-hier, si on parle pour le journal de mercredi. "Figure de proue du syndicalisme québécois, il s'est éteint lundi soir à l'âge de 93 ans, emporté par le cancer", peut-on lire dans le texte en une, intitulé Héros de la justice sociale, sous la plume de Alexandre Shields.

Sauf qu'à peine quelques lignes plus loin, il est écrit qu'il est mort hier, donc mardi, toujours pour le journal de mercredi. "Au-delà de l'image caricaturale du gueulard invétéré, c'est un éveilleur de consciences d'une rare humanité qui s'en est allé hier."

Ce n'est rien d'important, c'est vrai. C'est juste un peu comique de le remarquer. Et beaucoup moins drôle que Chartrand lui-même, qui a déjà dit (tiré de Sacré Chartrand, publié chez Lanctôt Éditeur) :

«À 85 ans, j'ai peut-être un pied dans la tombe, mais l'autre, je suis encore capable de le lever assez haut pour botter l'cul d'un ministre.»

«Le PQ, pis le PLQ ça se ressemble comme une paire de fesses, pis l'ADQ, c'est le trou de cul entre les deux.»

4/11/2010

Le sérieux de Ian Halperin

J'étais curieux de voir ce que Ian Halperin avait à dire sur le plateau de Guy A. Lepage, à Tout le monde en parle. Disons simplement que je n'ai pas été déçu. Je ne sais pas si Halperin, avec ses bagues et ses lunettes, savait à quoi s'attendre, mais il s'est fait varloper tout le long de son entrevue. À raison, pour une grande partie, je crois.

"Vous dîtes n'importe quoi", s'est insurgé Dany Turcotte. Dur d'affirmer que Turcotte n'a pas trop tort. Certains sur Twitter ont d'ailleurs eu le bon flash de faire un parallèle avec Clotaire Rapaille, ce supposé expert en marketing engagé par la Ville de Québec, puis remercié.

Il y a peut-être du vrai dans toutes les histoires de Ian Halperin. Mais ce sont des histoires. Et pour moi, c'est clair qu'il en beurre épais. Jasmin Roy, présent à TLMEP pour parler de son livre Osti de fif!, s'est montré très critique. Il voulait en savoir plus sur les sources de Ian Halperin et sa démarche journalistique. C'est l'entourage des vedettes, parait-il. Des sources crédibles, selon lui, mais anonymes, évidemment.

Guy A. l'a aussi interrogé sur la façon dont il était parvenu à avoir certaines informations à propos de Angelina Jolie, la femme de Brad Pitt, notamment à propos d'une certaine consommation de drogue. Alperin a détourné les questions. Pis encore, il dit que ce n'est pas lui qui dit ça, mais bien des sources proches de l'actrice. Aucune confirmation de la véracité des propos, donc. Où est la recherche, alors?

C'est peut-être une bonne pub pour l'auteur, mais sa crédibilité en prend tout un coup. De toute façon, mettons ça au clair : Ian Halperin, avec sa flamboyance, a l'air d'un manipulateur de vérité, un arrangeur de faits. Et ses livres ne doivent surtout pas être pris au sérieux. Point final. Et aucune pitié pour lui.

Alors je n'achèterai pas. Mais dommage, quand même, qu'on lui accorde tant d'attention, moi le premier.

En passant, la page Facebook de l'Opération Claude Robinson est rendue à 10 000 membres.

MAJ: Halperin compte demander des excuses de Radio-Canada, par le biais de ses avocats, se disant victime d'antisémitisme, selon son site personnel.

4/08/2010

Les petits noms

C'est encore arrivé jeudi soir, alors que Lawrence Cannon, ministre fédéral, a lâché un petit "Écoutez, Annie-Marie", s'adressant à Anne-Marie Dussault, animatrice de 24 heures en 60 minutes, sur RDI. Et ça s'est fait aussi la semaine passée, avec Michael Ignatieff qui dit un beau "Merci, Céline" à Mme Galipeau, en fin d'entrevue au Téléjournal.

Dans une lettre d'opinion sur le site du journal Le Devoir, Pierre-Paul Sénéchal déplore cet étalage de proximité entre le journaliste et l'interviewé, faisant entre autres référence au comportement du maire de Québec, Régis Labeaume, à l'endroit d'Isabelle Porter, du Devoir, lors d'une récente conférence de presse. Labeaume l'avait appélée par son prénom, en rappelant qu'ils se connaissaient bien, Porter étant la fille de John Porter, du Musée des beaux-arts à Québec, un bon ami de Régis. Il avait aussi qualifié son travail de "journalisme de colonisée", pour ensuite s'excuser, chose que réclamait d'ailleurs la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ).

Dans son commentaire, M. Sénéchal demande même à ce que la FPJQ regarde l'idée lors de son prochain congrès, en incluant dans sa déontologie "une règle contraignant tout journaliste à ne pas accepter qu'un politicien habile puisse publiquement faire un tel étalage de proximité".

On dirait bien que c'est rendu une nouvelle façon d'avoir l'air plus sympathique à la télé. En se rapprochant des animateurs et des journalistes, les politiciens se font complices. À mes yeux, le "bon Jack" Layton a un certain talent pour amadouer les gens qui lui posent des questions. On l'imagine mal se voir coincer par une question.

Mais est-ce que ce serait au journaliste de rappeler à celui ou celle qu'il interroge qu'il faut faire comme s'ils ne se connaissaient pas? Pas certain. D'abord, rappelons-le, la déontologie est assez malléable. Mais je crois aussi que ce sont les politiciens qui pourraient faire preuve de retenue.

Sans oublier que, on l'a vu avec Régis Labeaume, cette pratique, qui peut être vue comme de la prétention par certains, peut jouer de sacrés tours. Les foudres n'ont pas tardé après que le maire ait envoyé ses attaques. Et les jours suivants ont été difficiles pour Régis, médiatiquement parlant.

Personnellement, je préfère de loin Mme Galipeau à Céline.