5/23/2009

L'accouchement

Parce que, parfois, il arrive que de belles phrases soient écrites. Que, des fois, certains écrits sur papier peuvent être plutôt charmants. Et que dans les livres, ça peut être aussi drôle que sur scène. Voici, au sujet de l'accouchement, l'extrait d'un livre :

J'avais déjà filmé le premier accouchement de ma soeur, alors c'est dire si celui-là, je savais à quoi m'attendre. Je n'ai pas été déçu. Une symphonie de gémissements, de sueurs et de fluides visqueux qui dégoulinent en tons de rose et de rouge pour finir par voir l'expulsion d'une larve bleuâtre et gluante, au grand soulagement de la maman qui vient de passer des heures à forcer du bassin, à s'en exploser l'anus, confirmant ainsi sur ruban vidéo que la vie, c'est dégueulasse.

Ça ne donne pas trop envie d'assister à ce genre d'événement, mais c'est vachement marrant. Et c'est tiré de Presque 39 ans, bientôt 100, un récit de Fred Dompierre, publié l'an dernier chez Boréal.

5/15/2009

Raël à tout prix

L'observatoire du journalisme ProjetJ.ca rapportait hier que les Raéliens demandent qu'on retire le prix Judith-Jasmin remis à Brigitte McCann en 2003 pour son reportage qui faisait état des activités de la secte.

À l'époque, Madame McCann et sa collègue photographe Chantal Poirier, toutes deux employées du Journal de Montréal, avaient infiltré le mouvement afin de l'exposer plus en détails au grand public. Les manoeuvres des journalistes ont par contre été dénoncées par certains membres de la secte, puis condamnées tout récemment, à la suite d'un jugement de la Cour du Québec. Le juge Claude G. Grenier a en effet donné raison à deux Raëliens, condamnant Sun Media Corporation, la filiale de Quebecor qui publie des journaux, à verser 10 000 $ en dommages.

D'abord, il est un peu étonnant de voir la Cour du Québec condamner une pratique journalistique qui a été honoré. Il s'agit quand même du prix Judith-Jasmin, remis pour les meilleurs reportages dans la presse écrite et électronique.

En ce sens, on serait tenté de croire que les Raëliens ont raison de demander le retrait du prix à Madame McCann. Après tout, si la justice juge que les démarches entreprises étaient inadéquates, pourquoi alors récompenser un tel travail?

Selon le Guide de déontologie de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), on peut utiliser des moyens clandestins uniquement "si l'information recherchée est d'un intérêt public certain, si l'information ne peut vraisemblablement pas être obtenue ou vérifiée par d'autres moyens et si les gains pour le public dépassent les inconvénients qui peuvent être causés à des individus".

Je ne connais pas le fin fond de l'histoire, mais une chose est sûre : dans le cas qui nous intéresse, les deux journalistes ont intégré le mouvement raëlien au moyen de fausses identités. On a également photographié et publié des photos des membres sans leur consentement. Et là, étant donné que l'activité est privée, il y a sans aucun doute eu faute.

Dans son livre qui a suivi son reportage, Brigitte McCann raconte que c'est le journal qui lui a suggéré l'histoire. Selon l'article de La Presse à ce sujet,
le juge Grenier a insisté sur le "manque de sérieux" du travail exigé et "se demande si Sun Media réalise la portée de ce qu'il demande à ses employés, et le fait que ça pourrait mal tourner pour eux, au point de vue de leur sécurité".

De plus, tel que le rapporte Lise Millette sur ProjetJ.ca
, le porte-parole du mouvement raëlien, Daniel Chabot, justifie la demande du retrait du prix journalistique. "Il est inacceptable que la Fédération professionnelle des journalistes du Québec laisse un prix de ce prestige à une journaliste qui utilise des moyens jugés par le tribunal du Québec comme abusifs et illégaux", a-t-il affirmé.

Peut-être cela aura-t-il des conséquences sur les manières de pratiquer le métier utilisées par les journalistes. Qui sait? En tout cas, malgré tout ce qu'on peut penser des Raëliens, il faut avouer que, parfois, ils sont capables de démontrer qu'ils ont une tête sur les épaules.

Des fois.

5/14/2009

Question-réponse

Une longue question, on ne peut plus tendancieuse, de Pierre Foglia, dans sa chronique de jeudi, qui porte, en partie, sur les stratégies marketing, et en rapport avec ce dont je parlais plus tôt cette semaine :

Vous n'êtes donc pas tannés de laisser le marketing vous manipuler, vous abuser, vous tromper avec une absence de retenue et de règles, avec un cynisme qui confine au viol - au viol oui, j'ose vous le demander, vous n'êtes pas tannés de vous faire enculer par le marketing? - vous n'êtes pas tannés de laisser ces spécialistes en «communications stratégiques», faire de notre vivre-ensemble un immense piège à cons?

Réponse : oui.

5/12/2009

Les marionnettes

J'ai été bien surpris en lisant la chronique de Patrick Lagacé de mardi matin. On y apprenait que le mouvement À vélo citoyens, visant à promouvoir l'utilisation du vélo en ville, était entièrement fabriqué par une agence de marketing, et non par des citoyens ordinaires, comme on avait bien voulu le faire croire.

Résumons : la firme monréalaise Morrow Communications a virtuellement inventé des humains et les a fait agir sur le Web grâce à un blogue appelé À vélo citoyens et à Facebook, entre autres. Des gens se sont attachés aux personnes fictives et ils ont fait de la pub pour la chose sans savoir qu'une agence était cachée derrière.

L'affaire soulève certes l'éthique de la campagne publicitaire. Dans sa chronique, Patrick Lagacé a révélé que bien des Québécois s'étaient fait avoir par une entreprise de marketing. Il me semble que lorsque des gens se font berner, il y a automatiquement là un mensonge. Côté efficacité, on a rarement vu mieux, c'est vrai. Toutefois, la crédibilité du mouvement vient d'en prendre tout un coup et, du même souffle, le pouvoir des citoyens internautes aussi.

Voici ce qu'en dit Michel Philibert, directeur, communications-marketing, chez Stationnement de Montréal, le client de Morrow Communications, tel qu'écrit par Lagacé dans sa chronique.

"Non, ce n'était pas de la manipulation. La manipulation, c'est mercantile. Stationnement de Montréal, c'est privé, mais Bixi est un service public. On veut que ça marche."

Euh, oui, c'était clairement de la manipulation. C'est sûr que vous voulez que ça marche, vous avez même engagé une firme de pub pour ça! Et on s'en fout que ce soit mercantile ou non. À mes yeux, la question est ailleurs. Des gens, comme Patrick Dion, y ont cru et se sont donnés pour la cause, sans croire une seconde qu'il faisait la promotion de Bixi. On leur a menti. Même si l'utilisation du vélo est noble, on ne peut se permettre d'utiliser la voix d'autrui sans son consentement. Il est là le problème.

D'un autre côté, il est certain que cette "citoyenneté simulée" aura des impacts sur la perception qu'ont les gens à propos de ce qui se trame sur le Web. Alors qu'auparavant, on pouvait croire à l'honnêteté des gens ordinaires, qui ont des causes à coeur et qui en parlent passionnément sur Internet, aujourd'hui, ce n'est plus possible. Il faut constamment être méfiant et ne pas croire ce que les gens encouragent, même s'ils ont l'air si simples et si sincères.

À mon humble avis, ici, la publicité a repoussé à nouveau les limites de l'acceptable et elle a joué carrément avec le public, tel des marionnettes. Même si l'idée est en soi géniale, les citoyens sont loin d'être des panneaux publicitaires dont on peut profiter allègrement.

5/08/2009

Pas fort

Cette nouvelle sur une fausse citation de Maurice Jarre, compositeur français mort en mars dernier, a de quoi affaiblir la crédibilité des journalistes.

En fait, on a utilisé le très populaire encyclopédie Wikipédia afin d'aller chercher quelques belles paroles de Jarre. "La musique était ma vie, la musique m'a donné la vie, et la musique est ce pourquoi je vais rester dans les mémoires longtemps après que je quitterai cette vie."

Le hic, c'est que Jarre n'a jamais prononcé une phrase semblable, le tout étant l'oeuvre de Shane Fitzgerald, un étudiant irlandais assez comique qui voulait "démontrer le mauvais usage du Web que peuvent faire les journalistes", tel que le rapporte le Figaro.

Le pire là-dedans, c'est que ce n'est pas juste un média qui s'est fait avoir, mais plusieurs. Ils ont probablement simplement pris l'information du premier journal qui a fait l'erreur et boum, l'effet boule de neige était lancé et l'info s'est rapidement répandue à travers le monde.

On nous dit tout le temps dans nos cours d'avoir de bonnes sources, vivantes si possible. Parfois, bien honnêtement, c'est exigeant et, à la limite, chiant. Mais là, quand je vois que des journalistes d'un journal comme The Guardian (le journal devrait se surveiller lui-même) se fait avoir, ça me dépasse.

Ce que dit Jarre, c'est beau, et, d'une certaine façon, prémonitoire. Les journalistes, flairant une belle opportunité d'en mettre plein la vue, ont sauté sur l'occasion en lisant ça sur Wikipédia.

Mais Wikipédia est une source de départ et on a la preuve, ici, qu'on ne peut pas seulement se fier sur cet encyclopédie, si utile soit-elle.

En réalité, les infos ont été envoyées sur Wikipédia à plusieurs reprises par l'étudiant irlandais, le site ayant d'abord refusé de les mettre en ligne, faute de source officielle. Cependant, tenace, Fitzgerald a essayé de nouveau. Finalement, ça a fonctionné. On connait la suite.

Pas fort.

5/06/2009

Manif pour le ICI

Une manifestation aura lieu mercredi soir, au Square Victoria à Montréal, dans le but de souligner la fermeture du journal ICI.

Maudit, si j'étais pas à Québec...