6/28/2007

Gageures

Hier, au camp, juste avant que l'orage éclate, les moniteurs ont décidé d'écouter le film Vendredi 13. Ça date de 87, je pense, ou autour de ces années-là. Bien honnêtement, ce n'était pas très bon. De voir Kevin Bacon tit-cul, ça frappe déjà. Et le jeu des acteurs, sans exception, s'avère assez mauvais.

Sauf que je dois des retailles d'hosties à une collègue...

Explication : vers la toute fin du film, j'étais sûr que le film était bel et bien terminé. La fille était dans un canot, sur le lac; la police était sur le bord de l'eau. J'étais convaincu qu'il ne restait que le générique à voir défiler.

- C'est fini!
- Non, je pense pas, moi. Ça peut pas finir de même. Les films d'horreur, ça finit toujours sur une surprise ou une annonce de suite, genre.
- Ben non, pas tous les films. Les Frissons, y finissent bien.
- ...
- On gage?
- Okay.
- On gage quoi?
- Je sais pas, moi.
- Tiens. On gage un paquet de retailles d'hosties que t'arrêtes pas de bouffer.
- Oui. C'est bon ça.
- Combien ça vaut, ça?
- 2 piasses à peu près.
- Parfait!

Même pas cinq secondes plus tard, en un instant, un semblant de mort vivant sort partiellement de l'eau, tout près du canot, et agrippe la fille au cou, faisant chavirer l'embarcation. Elle se réveille ensuite en criant, sur un lit d'hôpital. Non seulement j'ai eu un peu peur, mais j'avais perdu.

Hostie, c'est le cas de le dire!

Ma mère, je crois bien, n'a jamais vraiment aimé qu'on gage entre membres de la famille. Je ne sais pas trop pourquoi.

Je me souviens, un soir. J'avais moins de dix ans et ma cousine me gardait parce que mes parents étaient absents. On écoutait le hockey à la télé. Red Wings contre je ne sais plus trop qui. C'était l'heure d'aller me border. Il restait encore la dernière période à jouer. Ma cousine m'avait demandé qui allait gagner. J'avais répondu Détroit. On avait gagé un dollar et j'étais allé me coucher tout de suite après. Le lendemain matin, sur mon napperon de déjeuner, j'aperçus un beau huard doré.

Un peu plus récemment, au Mexique, mon père nous avait lancé le défi de descendre de face El Castillo, la grande pyramide située sur le site de Chichen Itza au Mexique. 50 $. Américains, si je ne m'abuse. Mon frère a tenté l'exploit, devant les yeux d'un papa qui se disait dans sa tête "Merde, merde, merde. Qu'est-ce que j'ai dit là! Si jamais il se pète la gueule...".

Mais frérot a réussi avec brio. Quant à moi, j'ai pris un bon cinq minutes de repos, tout au haut de la pyramide, le temps de me préparer mentalement à la pire descente d'escaliers que j'ai jamais vécue. À reculons, les deux mains sur la grosse chaîne en métal, aux côtés de maman et ce, jusqu'en bas. Je ne me suis pas retourné une seule fois. Je crois que je serais parti à pleurer, trop effrayé par ces marches qui, vues d'en haut, on l'air d'un simple plancher qui rejoint le sol tellement elles sont hautes et étroites.



Pissou, je l'avoue...

Mais pas le seul. Mon père, lui, a monté quinze marches tout au plus, pour redescendre dans le temps de le dire.

6/25/2007

Indépendant ou non

Hier, j'étais à La Plaine pour assister au spectacle des Respectables et aux feux d'artifice. Pendant les feux, une madame nowhere est montée sur la scène, pendant que ça pétait de toutes les couleurs dans le ciel, pour parler de la Saint-Jean. Elle disait qu'elle n'était pas là pour se plaindre, mais bien pour souhaiter à tous une bonne Saint-Jean. Elle est restée un bon cinq minutes à répéter les mêmes déclarations : "Vive le Québec!", "Bonne Saint-Jean!". Les gens qui regardaient les feux ont commencé à la huer...

C'est bien rare que je jase politique..

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais on a vu beaucoup de drapeaux bleu et blanc ces derniers jours. Des petits, des moyens, des grands. Même les Français au camp en ont achetés. C'est l'fun.

C'est l'fun sauf que je lisais hier le blogue de Stéphane Laporte. Il a publié un message qui est en fait une chronique déjà publiée dans la Presse. Ça s'intitule Le Québec est un Tanguy et c'est pas bien loin de la réalité. Bien souvent, quand la Saint-Jean approche, je me demande si les gens savent vraiment de quoi il s'agit au juste. C'est une fête nationale pour un pays qui n'existe pas. Quand même bizarre, non?

Mais ça nous permet de rêver... Rêver, rêver, je n'ai rien contre. Mais des rêves, ça se réalise, à ce que je sache. Et il ne faut pas les abandonner.

Parce qu'on dirait qu'aujourd'hui, en 2007, la Saint-Jean-Baptiste est devenue une fête. Une simple fête sans identité. Tout le monde embarque, à l'exception des fédéralistes purs et durs, et il n'y a pas de vrais débats, ou simplement des messages d'artistes ou de politiciens.

Je n'ai pas connu Lévesque. C'était le plus grand, à ce qu'on dit. Présentement, il n'y a personne de vraiment grand en politique. Ils font tous leur job, des erreurs, mais personne ne se démarque du lot. J'ai hâte qu'il y en ait un qui ressorte, un qui fasse lever tout le monde et enfin, qu'on règle la question de l'indépendance du Québec.

Mon père est indépendantiste. Moi, je ne le sais pas trop. Je n'ai jamais assisté à un référendum. Bien honnêtement, l'idée de faire du Québec un pays ne me séduit pas tant que ça. La politique, c'est bien plus complexe que d'inscrire un oui ou un non sur un petit bout de papier. Des gens disent qu'ils sont bleus de la tête au pieds. Le problème, c'est qu'ils ne donnent pas vraiment de raisons à ça. Comme si c'était hot de dire qu'on vote PQ et qu'on veut avoir un pays. Ça a fait ça aux élections du 26 mars. Un gars m'avait demandé pour qui j'avais voté. Je lui ai répondu. Il a fait : "PQ. C'est bon, ça."

Comme si de voter pour un autre, c'était mal. On n'est pas dans un film de super héros, avec des bons et des méchants. Il n'y a pas un bon côté et un mauvais. Il y a notre côté à nous. Il s'agit de déterminer ce qui nous rejoint le plus, les idées avec lesquelles on est d'accord et celles qui nous dérangent. Cela dit, je crois bien être de gauche. Loin de moi l'idée d'influencer mon entourage là-dessus. Voter, et on verra ce que les gens ont décidé et ensuite, on fera avec.

Et des fois, je me dis que je suis bien au Québec, dans le Canada. Puis, je me demande à quoi ça va servir, d'être indépendant... Est-ce que ça va vraiment changer quelque chose?

En tout cas, simple question comme ça.

6/24/2007

Boom, boom!

Boom, boom! Boom, boom! Boom, boom! Boom, boom...

- Arrête, arrête! S'il te plaît, arrête! Je t'en supplie!
-Non. Jamais. Pour rien au monde.
-Arrête de me battre, maudit coeur!
- Non! De toute façon, c'est plus fort que moi. Je vais continuer de te massacrer, sale chamade!

La chamade se fait tapocher d'aplomb par mon coeur qui n'arrête pas de la battre.

Mon coeur bat la chamade... Boom, boom! Je suis en amour...

Les classes vertes sont terminées. On a fêté ça vendredi. C'était bien plaisant. Toute l'équipe d'animation a reçu son Petit Mathieu, un cahier dans lequel se trouvent : un mot de la fin (inséré au tout début du cahier), des potins, une chanson, des petits mots pour chaque moniteur de la part d'autres moniteurs et un bottin avec les coordonnées des moniteurs.

Je savais qu'il allait y avoir des potins sur moi. Il y a deux semaines, on en parlait quasiment à chaque jour. Du monde qui s'aiment, ça se remarque.

J'avais raison. Il y a un potin à mon sujet.

"L'heureuse élue dans le harem d'Étienne serait la belle Judy!"

Un harem! Ha, ha, ha! Très drôle.

Et voici les mots que nous avons écrits l'un pour l'autre.

Plein d'ambition, Étienne veut être déclaré le moniteur le plus drôle du BET. Pour cela, des efforts de sa part seraient inutiles puisque sa manière d'être elle-même fait sourire tout le monde, le rendant attachant par sa spontanéité et son naturel. Il dégage la joie et l'apaisement, et personne ne reste de mauvaise humeur à ses côtés, tout comme personne ne peut s'empêcher de l'apprécier. Faites attention, son rire est contagieux.

Et c'est signé Judy. J'ai écrit celui de Judy. Le voici :

Judy est une fille bien à l'ordre Du moins, elle donne l'impression d'être une personne structurée. D'un air plutôt sage (ne pas s'y fier, c'est ce qu'elle dit) sous sa cage thoracique se cache un coeur bien généreux qui se donne à fond, même au baby-foot. Toujours à son affaire, bien ricaneuse (elle a comme pas le choix, elle se tient avec moi...), elle s'émerveille devant la réaction des jeunes et moins jeunes. Malgré sa petite taille, elle en a dedans. Une vraie perle... rare... Étienne

6/17/2007

Coup de foudre au Bet?

"Au BET, c'est comme à Occupation Double. Sauf que Joël Legendre est remplacé par Joël Lajeunesse."

Note : Lajeunesse est un moniteur au camp Boute-en-train qui en est à son deuxième été

J'ai dit ça à une monitrice/amie cette semaine. Elle l'a pas mal ri. On parlait de la vie de camp et du monde qu'on trouve fatiguants et d'autres personnes qu'on aime bien...

Des potins circulent, comme d'habitude. Veut, veut pas, lorsque des gars et des filles sont le moindrement isolés, ils se développent des affinités entre certaines personnes.

L'an passé, il y en avait deux qui s'étaient manifestées plus directement. Cette année, c'est un peu différent, mais encore une fois, je n'y échappe pas. Et ça fait plaisir, de savoir que des gens, surtout des filles, s'intéressent à moi...

Reste à savoir si moi, ça me tente d'embarquer là-dedans...

6/10/2007

Libération

Je devais aller chercher des raisins et du yogourt à l'épicerie. J'ai mis mes lunettes fumées sur mon nez et c'est à ce moment que j'ai remarqué combien elles étaient sales. Elles sont toujours sales. Mais aujourd'hui, c'était bien pire. Et puis je me suis souvenu...

Elles sont sales parce que j'ai pleuré alors que je les avais devant les yeux. J'ai pas mal pleuré. Beaucoup. Hier, c'était les funérailles de ma grand-mère, la mère de ma mère, décédée la semaine passée...

J'ai trouvé ça assez dur. Ça avait été dur aussi de la voir sur son lit de mort, la semaine passée, en train de dire péniblement "Je m'en vas. Maman, là, je m'en vas." D'essayer de lever les bras vers chaque personne qui allait la visiter. Et de les laisser tomber lourdement sur son lit.

Pour en revenir aux funérailles, je m'en souviens comme si c'était hier (peut-être parce que, justement, c'était hier...). Avant de mourir, Grand-Maman m'avait demandé de lui préparer un hommage pour ses funérailles. Ça m'a flatté. Dans le sens du poil, à part ça. Je trouvais ça cool, qu'elle m'ait choisi, moi. Quand même, c'est tout un honneur. Mais ça m'énervait aussi.

J'ai pris quelques heures pour le composer, cet hommage. J'ai étalé ça sur une semaine, celle entre sa mort et ses funérailles. Et puis je l'ai lu hier matin. Un peu moins de deux pages. Cinq minutes pour le lire, sans trop sangloter. Et des centaines de personnes qui pleurent et qui m'applaudissent. J'ai pris mon temps. La fin a été vraiment plus pénible.

Je ne le publierai pas ici : c'est trop personnel. Mais juste vous dire que j'étais vraiment fier de moi. C'était fou de voir les gens, après, que je connaissais ou que je ne connaissais pas, venir me voir pour me dire que c'était très bien, ce que j'avais fait. Et ça, c'est sans compter les personnes qui en ont parlé à ma mère, mon père et mon frère. Même que plusieurs sont allés voir mon frère, plutôt que moi, pour le féliciter. Je les comprends : on se ressemble beaucoup et on portait les mêmes vêtements, à une teinte près.

Après avoir lu mon texte, je suis allé me rasseoir sur le banc d'église et j'ai versé plusieurs larmes. Ils ont arrosé le cercueil d'eau bénite, puis c'était la fin. Le cercueil d'abord. Ensuite les deux cierges et la croix, portés par mon frère et deux de mes cousins. Ont suivi tous les petits-enfants de Grand-Maman, dont moi. En parcourant l'allée centrale de l'église, marchant vers la sortie, mon oncle Réjean, les yeux remplis d'eau, a mis sa main sur mon épaule. Et c'est là que j'ai vu l'impact de mon discours. Je savais que je l'avais bien rendu. Mais je ne pensais pas avoir ému tant de gens. Tout en continuant de marcher, j'ai vu Caroline, ma soeur. Je lui ai tendu ma main. J'avais besoin de ne pas me sentir seul. Elle l'a prise quelques secondes et l'a lâchée. Même scénario avec un autre oncle, du côté de mon père celui-là, qui se tenait juste derrière.

À la sortie, le préposé du prêtre pour la cérémonie m'a dit : "Félicitations! C'était merveilleux!". J'ai balbutié un merci très peu discernable.

Tout le long du transport du cercueil jusqu'au cimetière, il y avait mes cousines, plus jeunes que moi, qui pleuraient. Elles pleuraient beaucoup et bruyamment. Je pouvais clairement entendre leurs respirations haletantes. J'avais juste le goût de tout arrêter. De crier un gros "Stop!" et d'aller les consoler pendant un moment, le temps qu'elles s'en remettent un peu.

Mais il faut pleurer. Ça fait sortir le méchant. Et ça libère.

Une fois dehors, je suis allé rejoindre mes parents. J'ai pris le bras de ma mère. Ça m'a fait du bien. J'ai senti une grande solidarité. Je me suis retourné et plusieurs familles avaient fait la même chose. À côté de moi, ma petite cousine était collée à son père. Ses deux bras l'entouraient tendrement. On s'est finalement rendus jusqu'au cimetière, où le prêtre, neveu de Grand-Maman, a prononcé les dernières prières.

C'est donc une grande libération que j'ai sentie hier soir, en arrivant à la maison. C'était fait. Un hommage à la hauteur, je crois bien. Et bien livré.

Aussitôt, je suis allé arroser mon cactus, dans ma chambre. Il est pas mal gros. Facilement deux pieds de haut. Et ce cactus m'a fait prendre conscience que la vie continue... elle est belle et il faut la vivre...

Merci, Grand-Maman Luce, de m'avoir permis de te dire adieu de façon si exceptionnelle.

Maintenant, repose en paix. Et bon voyage!